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Ceci est une ancienne révision du document !


Démonstration simple

Voyons tout d'abord comment ça se présente du côté de l'utilisateur à peine averti, sur une plateforme de tests très rudimentaire.

Le décor de la scène

Grâce aux avantages de KVM nous pouvons disposer d'autant de machines que nous le souhaitons, profitons-en.

  • un serveur kerberos.maison.mrs se charge de faire fonctionner l'usine à gaz ;
  • un serveur apache-krb.maison.mrs est un serveur http tout bête, sauf qu'il n'autorise l'accès qu'aux personnes duement authentifiées par kerberos ;
  • un client qui voudrait bien accéder au contenu de apache-krb.maison.mrs depuis un poste de travail qui dispose des outils nécessaires pour dialoguer avec kerberos.maison.mrs.

Les instruments en place.

Ça ne marche pas

Première prise, l'utilisateur, qui s'appèle chris, n'a pas fait risette à kerberos, et essaye d'accéder à http://apache-kerb.maison.mrs :

No Ticket Il se fait jeter…

Risette à kerberos

Chris lit alors la notice où on lui explique qu'il doit d'abord s'authentifier auprès du cerbère en utilisant la commande kinit :

~$ kinit chris
Password for chris@MAISON.MRS: 

Confiant, il re essaye :

ça marche

Et là, chris peut fermer son navigateur puis le ré-ouvrir, retourner sur la même page et ça marchera encore.

Un peu de curiosité

Notre utilisateur n'aimant pas utiliser les choses sans savoir comment elles fonctionnent, s'intéresse à cette commande kinit et découvre qu'elle est fournie par le paquet krb5-user qui fournit également d'autres commandes dont klist et kdestroy.

chris@pchris:~$ klist
Ticket cache: FILE:/tmp/krb5cc_1000
Default principal: chris@MAISON.MRS

Valid starting     Expires            Service principal
02/09/10 18:17:51  02/10/10 04:17:51  krbtgt/MAISON.MRS@MAISON.MRS
	renew until 02/10/10 18:17:46

C'est pas forcément très compréhensible, mais on sent bien qu'on a un ticket avec le chien à trois têtes et que ça ne va pas durer éternellement (ce qui est peut-être rassurant).

chris@pchris:~$ kdestroy
chris@pchris:~$ klist
klist: No credentials cache found (ticket cache FILE:/tmp/krb5cc_1000)

On a perdu le ticket. Et bien sûr, une visite à http://apache-kerb.maison.mrs se traduit à nouveau par une page 401 Authorization Required.

Amusant ce truc…

chris@pchris:~$ kinit -V chris
Password for chris@MAISON.MRS: 
Authenticated to Kerberos v5
chris@pchris:~$ klist
Ticket cache: FILE:/tmp/krb5cc_1000
Default principal: chris@MAISON.MRS

Valid starting     Expires            Service principal
02/09/10 19:21:03  02/10/10 05:21:03  krbtgt/MAISON.MRS@MAISON.MRS
	renew until 02/10/10 19:20:57

On a de nouveau le ticket. Profitons-en pour visiter notre site favori, ça marche.

chris@pchris:~$ klist
Ticket cache: FILE:/tmp/krb5cc_1000
Default principal: chris@MAISON.MRS

Valid starting     Expires            Service principal
02/09/10 19:21:03  02/10/10 05:21:03  krbtgt/MAISON.MRS@MAISON.MRS
	renew until 02/10/10 19:20:57
02/09/10 19:22:24  02/10/10 05:21:03  HTTP/apache-krb.maison.mrs@MAISON.MRS
	renew until 02/10/10 19:20:57

Il y a du nouveau. Un truc en plus assez explicite à propos de notre site. On n'a rien demandé de spécial pourtant. Donc, le seul fait de visiter le site « kerbérisé » a fait que nous avons obtenu un ticket de plus.

Coup d'œil à la machinerie

Si tout ceci fonctionne, c'est parce que :

  • kerberos.maison.mrs gère un « royaume » kerberos nommé MAISON.MRS. Dans ce royaume, il y a :
    • des utilisateurs enregistrés (chris entre autres) ;
    • des services sur des hôtes (HTTP/apache-krb.maison.mrs) y sont aussi enregistrés ;
  • apache-krb.maison.mrs dispose d'un apache2 configuré pour authentifier les utilisateurs avec kerberos :
    • un module spécial, auth_kerb est chargé et utilisé dans la configuration de l'indien ;
    • un « tableau de clés » (keytab) a été placé sur ce serveur, de manière à ce qu'il sache à qui s'adresser pour que l'usine à gaz (kerberos) fonctionne sans fumées ni explosions.
  • le poste client quant-à-lui utilise les outils nécessaires à l'utilisateur et aussi ceux de l'administrateur du royaume, mais nous verrons ça plus loin). De plus, le navigateur, ici « Firefox » a été instruit de la procédure à suivre en cas de demande d'authentification kerberos. Ceci est réalisé diversement suivant les distributions. Voici la ligne concernée lorsque l'on utilise l'URI about:config :
    network.negotiate-auth.trusted-uris;https://,http://
    Ici, la négociation est demandée pour tout URI correspondant aux protocoles http et https.

Pour les trois protagonistes, il y a un fichier de configuration (le même sur les trois), qui définit la configuration du royaume kerberos qui, vous l'avez deviné, s'appelle ici MAISON.MRS. Même nom que le domaine dns, mais en majuscules.

krb5.conf

C'est le fichier de configuration du royaume, commun ici à tous les protagonistes :

[realms]
MAISON.MRS = {
      kdc = 192.168.0.133          # kerberos.maison.mrs
      admin_server = 192.168.0.133 # kerberos.maison.mrs
      default_domain = MAISON.MRS
}

[domain_realm]
      .maison.mrs = MAISON.MRS
       maison.mrs = MAISON.MRS

[logging]
        default = FILE:/var/log/krb5.log
        kdc = FILE:/var/log/krb5kdc.log
        admin-server = FILE:/var/log/krb5adm.log

[appdefaults]
        pam = {
                debug = true
                forwardable = true
                krb4_convert = false
        }

Pour l'instant, la partie [appdefaults] n'a pas d'utilité, mais si l'on y parle de pam c'est qu'il y a sans doute moyen d'utiliser kerberos pour les ouvertures de session…

Le peu qu'il y a ici n'est pas très difficile à interpréter, nous passerons rapidement. La chose remarquable est que dans le royaume MAISON.MRS, il y a un kdc et un admin_server. Ils sont confondus ici sur la même machine (je n'ai que 4 Go de RAM), mais il est possible de placer ces deux fonctions sur des hôtes différents. Elles correspondent d'ailleurs à deux paquets différents :

  • krb5-kdc
  • krb5-admin-server

Les noms sont assez explicites.

L'autre chose remarquable est que le nom dns du domaine est le même que celui du royaume kerberos. Ce n'est pas indispensable, mais souhaitable, d'autant que c'est ainsi dans Active Directory.

En réalité, la définition des royaumes peut être plus complexe, un hôte peut appartenir à plusieurs royaumes et un utilisateur peut s'authentifier dans plusieurs royaumes, si nécessaire, mais ne compliquons pas inutilement les choses.

le keytab d'apache

Sur apache, nous avons un tableau de clés que l'on peut consulter avec la commande klist :

apache-krb:~# klist -k /etc/apache2/krb5.keytab 
Keytab name: FILE:/etc/apache2/krb5.keytab
KVNO Principal
---- --------------------------------------------------------------------------
   3 host/apache-krb.maison.mrs@MAISON.MRS
   3 host/apache-krb.maison.mrs@MAISON.MRS
   3 host/apache-krb.maison.mrs@MAISON.MRS
   3 host/apache-krb.maison.mrs@MAISON.MRS
   3 HTTP/apache-krb.maison.mrs@MAISON.MRS
   3 HTTP/apache-krb.maison.mrs@MAISON.MRS
   3 HTTP/apache-krb.maison.mrs@MAISON.MRS
   3 HTTP/apache-krb.maison.mrs@MAISON.MRS

Prenons-le comme tel pour le moment, nous comprendrons mieux plus tard.

configuration d'apache

Il s'agit de la configuration par défaut du serveur par défaut à laquelle il a été ajouté les paramètres relatifs à l'authentification kerberos :

	<Directory /var/www/>
	        AuthName "Secure Access"
        	AuthType Kerberos
	        Krb5Keytab /etc/apache2/krb5.keytab
        	KrbMethodK5Passwd off
	        KrbSaveCredentials on
        	require valid-user

		Options Indexes FollowSymLinks MultiViews
		AllowOverride None
		Order allow,deny
		allow from all
	</Directory>
Pour ceux qui ont envie d'en savoir plus sur les paramètres que l'on peut passer au module, voyez le site dédié à ce projet.

Le principal

Dans l'usine kerberos, il a fallu que l'administrateur du royaume crée ce que l'on appelle des « principaux ». Cette liste est visible avec l'utilitaire kadmin, à condition que l'on s'identifie avec un compte d'administrateur du royaume. Notez bien la subtilité, chris n'est pas chris/admin. D'ailleurs, nous allons retrouver dans la liste un « principal » pour chacun de ces utilisateurs du royaume.

root@pchris:~# kadmin -p chris/admin
Authenticating as principal chris/admin with password.
Password for chris/admin@MAISON.MRS: 
kadmin:  list_principals

HTTP/apache-krb.maison.mrs@MAISON.MRS
K/M@MAISON.MRS
chris/admin@MAISON.MRS
chris@MAISON.MRS
host/apache-krb.maison.mrs@MAISON.MRS
host/kerberos.maison.mrs@MAISON.MRS
kadmin/admin@MAISON.MRS
kadmin/changepw@MAISON.MRS
kadmin/history@MAISON.MRS
kadmin/kerberos.maison.mrs@MAISON.MRS
krbtgt/MAISON.MRS@MAISON.MRS

Passons sur les détails, certains de ces principaux sont créés à l'installation de l'usine, d'autres ont été créés par l'administrateur :

  • chris@MAISON.MRS
  • host/apache-krb.maison.mrs@MAISON.MRS
  • HTTP/apache-krb.maison.mrs@MAISON.MRS

entre autres. Nous retrouvons deux éléments qui figurent sur le tableau de clés de apache-krb.maison.mrs

Le snif d'enfer

Notre utilisateur, qui a vraiment un niveau de curiosité aigu, a placé son sniffeur habituel sur le réseau et a observé des choses intéressantes. Nous n'entrerons pas dans le détail pour l'instant, mais voici quelques éléments remarquables :

No.     Time        Source                Destination           Protocol Info
...
      3 3.311180    192.168.0.16          192.168.0.133         KRB5     AS-REQ
      4 3.344897    192.168.0.133         192.168.0.16          KRB5     AS-REP
...
      8 8.783804    192.168.0.16          192.168.0.134         HTTP     GET / HTTP/1.1 
...
     10 8.784435    192.168.0.134         192.168.0.16          HTTP     HTTP/1.1 401 Authorization Required  (text/html)
...
     12 18.798614   192.168.0.16          192.168.0.133         KRB5     TGS-REQ
     13 18.801013   192.168.0.133         192.168.0.16          KRB5     TGS-REP
     14 18.803833   192.168.0.16          192.168.0.134         HTTP     GET / HTTP/1.1 
     15 18.806722   192.168.0.134         192.168.0.16          HTTP     HTTP/1.1 200 OK  (text/html)
...

  • les lignes 3 et 4 sont générées par la commande kinit, pour l'obtention du principal attribué à l'utilisateur chris ;
  • la ligne 10 représente la demande d'authentification faite par le serveur (192.168.0.134) au client (192.168.0.16), mais ceci ne se traduit pas par l'affichage de la page 401, car le navigateur, averti qu'il doit chercher l'existence d'un principal, va le faire silencieusement ;
  • les lignes 12 et 13 représentent une requête « TGS-REQ » que le client (192.168.0.16) fait au serveur kerberos (192.168.0.133), et la réponse du serveur kerberos ;
  • la suite montre que la requête http GET est à nouveau exécutée et que cette fois-ci le serveur apache répond favorablement.

Faisons le point

Nous avons pu observer suffisamment de choses pour mieux comprendre le principe de kerberos et accessoirement pourquoi ce protocole a-t-il été appelé ainsi.

  • l'utilisateur doit disposer d'un principal dont il fait la demande à une entité nommée AS, au moyen de la commande kinit. Nous verrons plus loin que cette demande peut être automatisée lors de l'ouverture de la session par l'utilisateur. Cette procédure aboutit au fait que l'utilisateur en question a été authentifié par « l'AS » qui lui a transmis une « chose » (le principal) dont la validité est limitée dans le temps ;
  • lorsque l'utilisateur souhaite utiliser un service soumis à une authentification par kerberos, sous réserve que l'application cliente qui doit communiquer avec ce service sache le faire, le client obtient silencieusement un « ticket spécial » en faisant une requête non moins silencieuse au service TGS de kerberos, et que ce ticket spécial lui ouvre les portes du service convoité.

Nous avons donc pu constater de façon subtile l'effet « SSO » de kerberos. Cet effet serait bien sûr beaucoup plus visible si en plus d'un service http, nous avions mis en place d'autres services, comme un système de fichier en réseau (NFS v4 par exemple), ssh, ftp voire aussi un proxy http comme squid.

Reste à démonter le mécanisme et à voir de plus près l'aspect sécuritaire de ce protocole.

Démonstration simple: Dernière modification le: 10/02/2010 à 09:58 par prof